Michel Royer, par son cerbère Alain

Michel ROYER, il faut en convenir, est une personne qui surprend. Au premier regard, on ne s’imaginerait pas… Non, décidément, ce petit bonhomme aux yeux clairs n’a pas le look samouraï. Avec ses petites lunettes rondes, portées en pendeloque, il fait plutôt gentil papy. Il déambule peinard, le pantalon flottant, la chemisette entrouverte, une petite casquette et une montre chic. Le « Mimile » quoi ! Vous mesurez déjà le décalage…

Reste que, de l’avis même de ses deux assistants, le personnage serait un brin caméléonesque. Ils évoquent une histoire de karma et d’arlequin… Vu leurs têtes, on n’ose guère leur demander d’approfondir… Selon nos autres sources, il semble que leur mentor soit en fait sujet au métissage et donc aux contrastes. Il faut dire que celui-ci a grandi dans les îles, à la Martinique murmure t-on, et parmi les notables. Côté trombine, il mélange morsures et bénéfices du temps. Crâne luisant et dilatation abdominale par ici, œil pétillant et rire narquois par là. Versant boite noire, on évoque assez régulièrement le pendule de sa mémoire. Paraît que la seule sensation peut le faire osciller entre éléphant et ardoise magique. Registre loisirs enfin, il est autant connu pour sa facilité à la détente que pour sa pente festive.

Aussi, un conseil pour être repéré : savoir apprécier les joies du hamac comme celles du rhum, le vrai svp… Même si lui n’en abuse plus jamais. Et si vous avez la chance d’être une belle et grande pousse de planteur, alors son univers vous est ouvert… Malgré certaines barrières, installées par son duo de cerbères ! Nous vous avions prévenu... Face à lui, le quidam est vraiment à mille lieues d’imaginer un mental de guerrier. Cela dit, on raconte depuis la nuit des temps qu’un maître n’apparaît jamais comme tel aux non initiés. Mais avec lui, c’est pire. Même à ses propres yeux, il n’incarne qu’un ch’tit nuage…

Toile réalisée par un psychopathologue

Ce "psy" est dorénavant un de ses complices au dojo...

Attention toutefois aux égarements de l’esprit. Cela doit être décodé comme suit : il glisse, ne pèse guère et se transforme sans cesse. Ajoutez à cela un retour proche du vent. Autrement dit, pas de substance affichée mais beaucoup d’air à prendre… ou à subir. Bref, ce drôle de sire flirte le plus souvent avec la météo… Amis têteux, un conseil : s’abstenir ! Et parce que ses tourbillons se révèlent étourdissants, prévoir du sparadrap et de l’aspirine.

Pour qui le regarde de plus près, ce pépère quasi attendrissant s’avère cependant un réel vétéran du budo. On commence par apercevoir deux ou trois cicatrices. Mais, vous ne saurez pas… Parfois, au cours d’un échange, son regard se trempe au bleu profond de l’acier. Sans doute aurez-vous l’occasion d’y assister, alors soyez en forme… Sur le tatami, il semble curieusement plus grand. Vous en ferez assurément la douloureuse expérience… Quant à ses frappes… Comment dire ? Qu’importe, vous comprendrez bien assez vite... Retenez que dans le Budo, rien ne compte pour lui davantage que l’entraînement et le réalisme. Sinon, ici encore, vous apprendrez… C’est que les arts martiaux, voyez-vous, sont chez lui à la fois une passion et une disposition. Que vous l’invitiez à bastonner, à escrimer, à boxer, à projeter, en dépit de son entrée consommée dans la soixantaine, il reste votre homme. Un détail encore... Pour la douche, son matériel est rarement complet. Vous prévoirez en conséquence double ration de savon et seconde serviette. Ha ! Nous avons failli oublier… Au rhabillage, il convient de narrer une petite histoire virile. En clair, vous gagnerez à réviser, le rire se méritant également au dojo de Royat. Quoi, son grade ? Heu... Vous avez dû rater une étape. Reprenez sagement la lecture et éviter d’à nouveau fauter. C’est... plus prudent.

Hein, mais il fume ? Certes… Mais ce Rônin des temps modernes n’a jamais dit qu’il était parfait.